Le 6 février, 2ème Journée internationale de la fraternité humaine décrétée par l’ONU, s’est tenue à Paris en l’église St Sulpice qui tient lieu actuellement de cathédrale, une rencontre entre chrétiens et musulmans. C’est de grand cœur que je me suis jointe à cette célébration en raison des 25 ans où j’ai eu la joie de vivre en Tunisie et de connaître de près le monde arabomusulman.
J’avais déjà participé à une rencontre de ce genre au Raincy en 2019, célébration présidée par notre évêque et un imam. J’avais été reconnaissante pour cette démarche que je n’avais jamais vécue ailleurs et qui me confortait dans ma recherche d’une fraternité réelle entre les religions.
Cette nouvelle expérience de fraternité promue par une trentaine d’associations des deux religions, émane du mouvement «Ensemble avec Marie». C’est la vierge Marie qui nous a réunis, ce jour-là. En effet, chrétiens et musulmans se retrouvent en l’amour qu’ils témoignent à la Vierge si l’on s’en réfère aux récits de l’Annonciation:
«Ô Marie! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui, son nom est le Messie, Jésus, fils de Marie.» (Coran 3, 45)
«Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus.» (Evangile selon St Luc, 1, 30-31)
La rencontre avait pour thème «Au début de tout, la confiance». Plusieurs témoins ont pris la parole tels Christian Delorme de l’archidiocèse de Lyon, très impliqué dans le dialogue interreligieux, particulièrement avec les musulmans, ou encore, Abdelkader Oukrid, enseignant en Théologie et en éthique qui intervient auprès de l’Institut Catholique de Paris-Théologicum. Fut soulignée par chacun l’importance de cette attitude, dans nos rapports personnels, intergénérationnels et interreligieux. La célébration, très recueillie, fut très émouvante, animée par une chorale mixte d’enfants chrétiens et musulmans. L’assemblée, nombreuse, un cierge allumé à la main, s’est unie à la procession des enfants, avec le chant de paix bien connu «Evenou shalom alerhem» (Nous vous annonçons la paix…; la joie… l’amour… Evenou salam aleykoum). Nous avons conclu ce moment prenant par une belle prière commune et le chant islamo-chrétien créé pour les rencontres du mouvement "Ensemble avec Marie":
Toi, la mère de Jésus,
Guide nos pas vers le Vivant,
Celui qui donne le salut.
Dans une seconde partie de la soirée, nous pouvions choisir un atelier de réflexion, comme celui-ci: devenir artisan d’unité. J’ai appris, alors, que se formaient, de plus en plus, des «Maisonnées de la Paix»: groupes de chrétiens et musulmans se réunissant pour des échanges réguliers et une prière commune.
Dans le même sens, eut lieu un autre événement important: Le 18 février au soir, une chaîne de télé a passé une émission remarquable sur la collaboration actuelle entre chrétiens et musulmans. Elle montrait comment s’est instaurée peu à peu une entraide entre église et mosquée; par exemple, un prêtre a prêté une salle de sa paroisse pour permettre à des musulmans de prier en attendant de trouver un local adéquat. Ils ont tissé ainsi des liens de fraternité. Ailleurs, un imam est venu en aide aux chrétiens en recherche d’un local. Tout naturellement, en Seine-Saint-Denis, dans les immeubles, chrétiens et musulmans, apprennent à se connaître et à partager. Ainsi, dans notre immeuble, où la plupart de nos voisins sont musulmans, nous pouvons parler religion dans le respect de nos différences, nous souhaiter les fêtes propres à chacun, tisser des liens d’entraide et de bon voisinage.
C’est ainsi que se construit petit à petit la fraternité, que nous devenons artisans d’unité. Comme insiste le pape François: "Par la rencontre, nous apprenons à mieux nous connaître, tels que nous sommes, et nous faire mutuellement confiance. Nous pouvons accueillir l’autre comme un frère ou une sœur."
Publiéé par Sr Michèle SJS
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